Devant les très nombreuses observations indiscutables, des chercheurs de tous horizons se sont intéressés ces dernières années à décrypter ce qui se passait dans notre organisme pendant une diète. Et là les chercheurs sont allés de découverte en découverte. Les hygiénistes pensent que l’arrêt de l’alimentation favorise l’élimination. L’organisme à un moment donné n’a à sa disposition qu’une certaine quantité d’énergie, qu’il essaye de gérer au mieux. Donc une pause dans l’alimentation permet à l’organisme de rediriger son énergie vers la fonction d’élimination. C’est ainsi que le jeûne guérit la plupart des maladies. Cette optique n’est pas complètement fausse mais les recherches de ces dernières années ont montré beaucoup plus.

L’étude du jeûne apporte un autre regard sur les méthodes de guérison.

Faisons un peu de biologie: Le glucose est le carburant de notre organisme. Sa dégradation dans le cycle de Krebs fournit l’énergie dont ont besoin nos cellules. En temps normal l’apport de glucose est assuré par l’alimentation. Mais pendant le jeûne d’autres réactions chimiques vont prendre le relais. Après environ 15 heures, les réserves de glucose étant utilisées, les graisses vont être dégradées dans le foie pour produire les corps cétoniques qui vont soit s’intégrer dans le cycle de Krebs soit être directement utilisés par les organes notamment le cœur et le cerveau.

Ces phénomènes biochimiques ont commencé à attirer l’attention des chercheurs tant aux Etats Unis qu’en Allemagne en Autriche et en Russie.

Au National Institut of Aging à Baltimore les recherches ont montré que les corps cétoniques protégeaient les cellules nerveuses et activaient les facteurs essentiels à l’apprentissage et à la mémoire. De plus ils ont montré que le jeûne permettait la création de cellules nerveuses à partir de cellules souche du cerveau. Les applications dans les cas d’Alzheimer ou de Parkinson semblent très prometteuses.

Par ailleurs, ce changement profond de fonctionnement de l’organisme, influence considérablement le métabolisme. Certaines hormones comme les hormones de croissance diminuent d’autres au contraire vont être sécrétées en plus grande quantité. Le microbiote intestinal va se transformer complètement car une bonne partie des bactéries qui le composent vont disparaître. Le système immunitaire qui est largement influencé par le microbiote va pouvoir se reconstituer plus sainement. C’est cette combinaison de phénomènes qui permet à l’organisme de combattre de nombreuses maladies, surtout les maladies de type inflammatoires ou auto-immunes comme la sclérose en plaques, l’asthme, la névrodermite, les allergies, le diabète de type II.

Et le jeûne est aussi une cure de rajeunissement. L’organisme va se nourrir de lui-même, ce qu’on appelle l’autolyse. Les cellules vont commencer à recycler leurs déchets. Au cours de la vie les déchets biochimiques s’accumulent dans les cellules, protéines déformées, organismes cellulaires abimés. Les lysosomes vont littéralement démonter ces déchets en acide aminés primaires qui vont pouvoir être réutilisé par l’organisme. Le docteur Yoshinori Oshumi a reçu le prix Nobel de médecine en 2016 pour avoir étudier ce phénomène qu’il a appelé « autophagie ». Il a démontré que l’absence de nutriment, c’est-à-dire le jeûne, provoque un stress qui déclenche ce processus.

Dans l’ordre, le corps élimine tout ce qui lui pèse, puis ce dont il n’a pas besoin, puis ce qui le dérange et enfin tout ce qui le rend malade. Le professeur Madeo de l’université de Graz considère le jeûne comme le seul bouton de remise à zéro que l’on possède, « le big reset ».

Mais cette fonction d’autolyse est freinée par la production d’insuline dès que l’on s’alimente. La pause alimentaire s’avère un facteur stimulant l’élimination. Le jeûne intermittent ou mini-jeûne, qui consiste à ne pas manger pendant 16 heures par jour – par exemple de 8 heures du soir jusqu’à midi le lendemain –  permet aussi un nettoyage efficace. Des chercheurs californiens ont fait une expérience instructive. Ils nourrissent des souris avec une nourriture très riche en sucre et en graisse et ce à volonté pendant toute la journée. Comme prévu les souris deviennent grosses et présentent les symptômes de diabète et d’inflammation. Le deuxième groupe reçoit la même quantité de nourriture mais seulement 8 heures par jour. Les animaux demeurent minces et en bonne santé.

D’autre part, la même équipe a démontré qu’une substance répartie dans toutes les cellules du corps mais principalement dans le sperme, d’où son nom spermidine, active ce processus de nettoyage cellulaire. Les tests effectués sur divers types d’animaux annoncent des résultats prometteurs, tous les animaux vivent plus longtemps.

Et le cancer ? …

Les résultats les plus intéressants à court terme semblent être ceux du docteur Longo en faisant jeûner des souris puis en les soumettant à une chimiothérapie. Il s’est aperçu que les souris qui jeûnaient, étaient beaucoup moins impactées par les effets secondaires de la chimiothérapie que les souris qui ne jeûnaient pas. Leur taux de mortalité était très inférieur à celles qui mangeaient normalement, qui toutes succombaient aux traitements. La simplicité de cette méthode – deux jours de diète avant la chimiothérapie et un jour après – a déjà poussé certains patients malades à pratiquer ce sevrage, sans attendre la mise en place de protocoles officiels. Leurs témoignages sont impressionnants.

Frugalité, renoncement aux sucres et réduction des protéines animales sont les garants d’une bonne santé et d’une longue vie, conseillait le Dr. Kousmine. Les travaux du Dr. Longo et d’autres chercheurs le confirment.

Mais combien d’études et de recherches seront encore nécessaires pour que le jeûne prenne une place officielle dans les protocoles de soin?